A l’occasion du 50ème anniversaire de Würth France, nous avons eu l’occasion d’interviewer Reinhold Würth, propriétaire fondateur du Groupe Würth pour nous faire part de sa vision de chef d’entreprise d’une multinationale, composée de plus de 400 sociétés à travers le monde. Mais aussi sa vision des relations avec la France, de son appétit d’apprendre et d’entreprendre et d’autres domaines qui éveillent la curiosité de cet homme plein d’énergie…
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Quelle est votre vision des relations franco-allemandes en général ?
Je constate avec plaisir que la question ancestrale, qui consiste à savoir si Charlemagne était français ou allemand et qui revenait sans cesse dans les rapports franco-allemands, ne joue plus aucun rôle aujourd’hui. Notre étroite collaboration avec l’Institut français à Karlsruhe et à Stuttgart, ainsi que nos excellents rapports avec l’Ambassade de France à Berlin, resserrent les liens. Je lance ainsi un appel à la jeunesse européenne, pour qu’elle lutte en faveur de la poursuite du renforcement de l’Union européenne et pour que les États-Unis d’Europe puissent devenir une réalité.
Né en 1935, j’ai vécu en toute conscience la fin de la Seconde Guerre mondiale. D’abord initiés par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer, les rapports entre la France et l’Allemagne n’ont cessé de s’améliorer et de s’intensifier d’année en année depuis 1945. Je suis moi-même un grand défenseur de l’amitié franco-allemande et je suis très reconnaissant non seulement d’avoir été nommé citoyen d’honneur de la ville d’Erstein, mais aussi Commandeur dans l’Ordre de la Légion d’Honneur.
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À l’échelle du cycle de vie d’une entreprise, 50 années semblent être une période à la fois longue et brève. On peut se réjouir d’atteindre cet âge, mais à quoi devons-nous être particulièrement attentifs à ce stade ?
Dans la vie d’une entreprise, 50 années représentent en effet une durée non négligeable. Pourtant, seule une minorité d’entreprises survit à une période de 50 ans et plus. Dans le cas de Würth France, on peut tout d’abord féliciter chaleureusement l’entreprise pour le niveau qu’elle a atteint. Cependant, il ne faut pas négliger le fait que dans de nombreux domaines, une certaine « zone de confort » peut s’installer, selon l’idée, qu’avec une notation « A-stable » attribuée au Groupe Würth, par Standard & Poor’s et un bilan consolidé de 4,4 milliards d’euros, pour une part de capitaux propres de 44 %, rien ne peut nous arriver ?
Cependant, la presse économique nous démontre tous les jours avec quelle rapidité, une société couronnée de succès, mais mal dirigée, peut progressivement glisser jusqu’à la faillite. Par conséquent, nous devons aussi veiller à préparer et former un management d’excellence pour les 30 prochaines années chez Würth France.
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Vous avez connu plusieurs crises tout au long de votre vie de chef d’entreprise… Quel est votre secret pour analyser, maîtriser et surmonter ces crises et en sortir renforcé ?
Pour surmonter une crise, il ne faut pas seulement compter sur « la base ». Avec un engagement exemplaire et une énergie enthousiaste, la direction dans son ensemble a pour mission de sécuriser les chiffres d’affaires et, même en temps de crise, de conquérir de nouveaux clients et de reconquérir les clients « inactifs ». Durant la plus importante crise économique de ma carrière entre 2007 et 2009, le Groupe Würth n’a jamais connu de pertes.
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Votre énergie semble être sans limites, inégalable, dominée par une insatiable curiosité. Quel est votre secret ?
Un ancrage fort au sein d’une famille qui « fonctionne bien » est important pour la réussite professionnelle. Ma chère épouse et moi-même avons tout de même fêté nos 60 ans de mariage, le 9 décembre 2016. Mais cela ne veut pas dire qu’à 82 ans, je ne suis plus curieux ni que je ne cherche plus à savoir ce qui se passe « de l’autre côté de la montagne » ou au coin de la rue.
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Quel est votre souvenir le plus marquant concernant Würth France ?
Ce sont bien évidemment les premières rencontres avec Jean-Paul Meyer, le 1er dirigeant de Würth France, que j’ai recruté au moyen d’une petite annonce dans le journal et qui a contribué de façon décisive au développement de la filiale. Philippe Kaelbel, Bernard Schmidt, Richard Burgstahler et bien d’autres encore, tous ces anciens dirigeants aujourd’hui retraités me rappellent de bons souvenirs et ont contribué à l’évolution de Würth France, devenue une magnifique entreprise, dont le chiffre d’affaires annuel atteint 506 millions d’euros (2016). Il en va de même pour les différents déménagements et aménagements de sites à Erstein, qui ont toujours été très impressionnants. Le point d’orgue a bien sûr été l’inauguration du Musée Würth à Erstein, qui propose depuis, de remarquables expositions d’art contemporain.
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Comment faites-vous pour être partout à la fois ?
Je reconnais avec humour que je ne possède pas le don d’ubiquité. Cependant, je corresponds naturellement beaucoup par écrit. À partir de la multitude d’informations qui me parviennent, je pose des questions aux directions des sociétés Würth du monde entier, de sorte que vous n’avez pas tout à fait tort dans ce que vous dites : au cours d’une seule journée de travail, je suis capable d’écrire à 30 ou 40 sociétés Würth, de formuler des observations et des propositions, d’exprimer mes respects, mes remerciements et ma reconnaissance, mais aussi bien sûr de « critiquer » et mettre en garde, lorsque les objectifs définis d’un commun accord ne sont pas respectés.
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Que signifie pour vous la notion de « client » aujourd’hui ? Quelle est votre relation avec les clients ?
Même au bout de 67 ans de carrière, le mot « client » revêt encore pour moi, la plus grande importance, comme ce fut le cas dès le premier jour. En réalité, absolument aucun de nos collaborateurs n’est employé par Würth, nous sommes en fait tous, les employés de nos clients : nous progressons uniquement lorsque nous livrons une excellente prestation et que nous proposons des produits innovants d’une qualité exceptionnelle et à un prix abordable. Cette approche nous a aussi permis de connaître la croissance depuis 71 ans, comme vous pouvez le voir sur le graphique suivant.
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Que souhaiteriez-vous dire à ces clients qui nous sont fidèles depuis des années, voire des décennies ?
J’adresse mes plus chaleureux remerciements et mon plus profond respect à tous nos clients, dont certains nous sont fidèles depuis trois générations déjà. Ainsi que mon estime pour leur fidélité et leur loyauté.
merci
Belle carrière et grand respect à notre Patron !
Merci à vous d avoir eu confiance dans vos collaborateurs et leur avoir permis de leur donner leur chance Mr Brault louis décède malheureusement que tu était sa famille elle lui a permit de s affirmer et faire valoir ses savoir merci à tous vos collaborateurs
Wurt france
je suis fier d’avoir fait parti de cette famille pendant quelques années et j’ai appliqué toute ma vie professionnelle ce que j’ai appris auprès de Richard Burgstahler.